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Virage Sépia variable

Un petit tuto pour ceux qui voudraient se lancer dans les virages dits sépia variable.

En préambule, entre autres accessoires (éprouvette, gants, agitateur, etc.), il faudra vous procurer une balance de précision (0,1g minimum). On en trouve à des prix abordables.

Même si l’on ne peut parler d’amortissement pour notre pratique amateur, réaliser soit même certaines chimies en compensera rapidement l’achat (bains de virage pour lesquels le marché est relativement pauvre en France, hypo-clearing, affaiblisseur sans qu’il soit nécessaire de gaspiller une dose Tetenal de 250ml pour une simple retouche, …).

Les bains :

Bain de blanchiment (Stock)
Ferricyanure de potassium : 100 g
Bromure de potassium : 100 g
Eau : qsp 1000ml

Diluer de 1+10 à 1+20 pour préparer la solution de travail (on jette à l’issue de la séance)

Bain de virage (pas de stock, à préparer pour la séance)

Une solution à base de Thiourée et d’Hydroxyde de sodium, dont les proportions varient selon la tonalité recherchée. Sur la base de 10 grammes de produit par litre d’eau, les proportions de base sont :

80% d’Hydroxyde de sodium – 20% de Thiourée : Brun tirant sur les rouges
70% d’Hydroxyde de sodium – 30% de Thiourée : Brun froid
30% d’Hydroxyde de sodium – 70% de Thiourée : Brun chaud
20% d’Hydroxyde de sodium – 80% de Thiourée : Brun franchement jaune (pas du citron tout de même)

Toutes les variations sont possibles entre ces données de base. Chaque papier ne réagissant pas de façon similaire, les possibilités de variations tonales sont grandes. Pensez à noter systématiquement les données des virages réalisés (papier, paramètres d’exposition, de développement, du virage). Ceci vous permettra de reproduire, lors d’une séance ultérieure, sans tâtonnements, cette tonalité qui vous avait tant plu il y a maintenant 10 ans…

Caution!

l’Hydroxyde de sodium élève fortement la température de l’eau. Préparer la solution dans une eau à 20°. Eu égard aux quantités en jeu, pas de risque que le bouillon vous saute au visage, mais lorsque l’on réalise des révélateurs à l’Hydroxyde de sodium, où les quantités sont conséquentes, des précautions sont indispensables.

Pour le reste, consignes d’usage en vigueur pour toute chimie.

Avantage du virage à la Thiouré sur les bains aux sulfures (Agfa Viradon par ex.), il est inodore.

Procédure :

On procède sur un tirage lavé à fond. Si le tirage est sec, un pré-mouillage préalable est indispensable.

Première étape, le blanchiment.

Le bain de blanchiment, comme son nom l’indique, blanchit le tirage, bien que la soupe soit jaune orangée… Stupeur du débutant qui voit disparaître l’image dans la cuvette et se demande si tout ça, c’est pas des blagues et qu’il va devoir refaire tout le toutim et finir par colorier à la main, c’est plus sûr.
Plus sérieusement, les zones sont blanchies en proportion de l’insolation reçues lors de l’exposition du tirage sous l’agrandisseur. Ce sont ces zones qui seront re-développées dans le bain de virage et verront ainsi leur tonalité modifiée. C’est pourquoi une épreuve que l’on destine à être virée doit être tirée plus dense que la normale. Aucune règle ne peut être donnée en la matière car tout dépend de l’effet recherché. Se rappeler seulement que plus vous tirerez dense, plus vous aurez à votre disposition de l’argent métal à blanchir et re-développer ensuite. Attention toutefois à ne pas perdre du détail dans les ombres par une densité excessive.
La durée, la dilution du bain de blanchiment importe également. Je conseille de travailler avec un bain dilué à 1+20, voire plus avec certains papiers chlorobromure (Bergger par ex.) qui réagissent fortement aux traitements, et parfois de manière irrémédiable si l’on n’est pas assez rapide. La dilution (pas trop toutefois car on ne blanchit rien dans la flotte) donne du temps.
Si vous faites un blanchiment léger, vous obtiendrez une variation tonale légère et discrète. A contrario, plus le blanchiment est important, plus le virage le sera.
Pour arrêter le processus, retirer l’épreuve et la rincer immédiatement à l’eau courante sans lésiner sur le débit du jet.
Pour le moment donc deux paramètres qui se conjuguent ; densité du tirage et importance du blanchiment. Et pourtant, à ce stade, on ne sait rien encore du tirage final ; une vague feuille de papier avec ci et là quelques traînées de couleur douteuse.

Deuxième étape, virage.

Le bain de virage agit comme un révélateur. L’argent métal qui a été blanchi est transformé en un composé métallique nouveau par l’action de la Thiourée combinée à l’Hydroxyde de sodium. Le principe est le même pour tous les bains de virage, qu’il y ait où non un blanchiment préalable.
On opère à vue ; laboratoire fenêtres grandes ouvertes, vaste horizon méditerranéen, le port et le tintamarre du jour en musique d’accompagnement, je laisse chacun compléter à sa guise.
L’image apparaît exactement comme elle le fait dans le révélateur, sauf qu’ici, le nez collé à la cuvette, vous contrôlez la montée des densités et stoppez net le boulot quand vous le souhaitez. Pour ma part, j’aime bien me mettre à la fenêtre (voir description ci-dessus) lors du virage afin de bénéficier de l’éclairage du jour, qui est celui sous lequel est destiné ensuite à être admiré le dit tirage (chevilles). On juge plus exactement du processus.

Dernière étape, lavage.

Arrêt du processus de virage. Rinçage de l’épreuve dans un premier temps pour éliminer le maximum de produit en surface et éviter des zones, ensuite lavage selon la procédure habituelle à tout baryté. Si à l’issue du lavage vous constatez la présence de résidus blanchâtre, ce qui peut survenir plus particulièrement lorsque la concentration d’Hydroxyde de sodium est forte, rinçage dans une solution d’acide acétique à 4 ou 5%, et lavage de nouveau.

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