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Photographier la nuit sans flash ni trépied, c’est possible…

En poussant le film

Question:

Une photo de nuit, sans flash ni trépied est-elle possible ? Bien entendu.
Il existe des films de 1600 et 3200 ASA (Fuji Neopan, Kodak Tmax 3200 et Ilford Delta 3200 pour les plus connus). J’ai toujours trouvé ces films assez chers ! Entre 5 et 9 euros selon le vendeur, avouez que c’est un peu élevé.
La solution existait bien avant : Le film poussé.
Pousser un film, c’est utiliser un film de sensibilité donnée (400 ASA par exemple) en règlant l’appareil « comme si » le film était un 800 voire 1600 ASA.
On compense ensuite lors du développement.
Très intéressant quand on sait que la Agfa APX 400 se vend à moins de 30 euros les 10 films.
Mais en photographie, tout est histoire de compromis. Un film poussé ne donne pas le même rendu qu’un film ordinaire, et pour cause :
Imaginez que vous êtes dans une pièce normalement éclairée. Vous voyez les zones très lumineuses (les lampes) et vous distinguez des détails dans les zones d’ombre.
Si vous mettez des lunettes noires dans cette même pièce, vous distinguerez toujours la lumière des lampes, mais vous ne distinguerez plus les zones d’ombre qui seront bouchées.
La chose est la même sur un film : Le film poussé reçoit moins de lumière que prévu. Il enregistre les hautes lumières mais pas les basses (ou très peu).
Il en résulte obligatoirement un négatif très contrasté dans sa globalité (zone fortement éclairée et zones d’ombre) mais trop peu contrasté dans les zones d’ombre.
Ajoutons à celà que certains films comme la APX ou la HP5 supportent mal le traitement poussé. Un masque sombre apparait sur le film, la dmin diminue ainsi que le contraste global. Le masque présent accentuant le grain en basses lumières.
Pour obtenir une image correcte, détaillée en basses lumières, il faut la tirer avec un grade dur, ce qui implique un grain plus présent et un contraste global excessif.

La solution existe : Le double révélateur !

Pour un film de 400 ASA exposé à 1600.

Premier révélateur :

Kodak D76 ou Ilford ID11 (révélateur compensateur) dilué à 1+1.
Durée du développement : 16 minutes.
Agitation : Agitation de 30 Secondes au départ, puis une agitation légère toutes les 120 secondes lors des dix premières minutes, une agitation toutes les 90 secondes lors des 6 minutes restantes.
A ce stade, le révélateur dilué s’est épuisé localement sur les hautes lumières. En effet, les zones fortement exposées ont épuisé le révélateur là où il se trouve. L’absence d’agitation ne le renouvèle pas.
Cet épuisement local évite de brûler les hautes lumières.
Le temps de 16 minutes permet au révélateur de développer les zones de basse lumières de manière plus approfondie.
Il en résulte un négatif peu dense, mais avec un bon équilibre des contrastes. Les zones de haute lumière n’étant pas brûlées, les basses lumières ayant un développement initié.

Le second révélateur.

Le même révélateur compensateur en solution stock.
Durée 5 minutes 30.
Agitation standard.
Ce dernier va terminer l’action du premier révélateur. Le négatif ayant déjà reçu un traitement insuffisant pour son côté poussé, le second révélateur va accentuer les zones déjà développées. En limiter le temps à 5 minutes 30s permet de ne pas faire monter le masque.
A ce niveau, les hautes lumières vont immanquablement se saturer, mais les basses lumières vont en même temps prendre de la vigueur.

En conclusion:

Un négatif équilibré, sans hautes lumières saturées, un contraste régulier (bonne gamme de gris)

Mais surtout, un grain relativement bien contenu et non excessif.

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