Voici le compte rendu de ma première séance de tirage papier couleur
La pellicule est une fuji superia 200, développée par un laboratoire photographique standard.
Ma fille a tiré quelques portraits sympas d’animaux pendant notre visite à La Palmyre, nous choisissons le sourire narquois d’un crocodile pour le premier jet.
Préparation matérielle
Suivant scrupuleusement les conseils de Pierre-François, j’ai auparavant acheté aux enchères pour un quignon de pain une cuve cibachrome 20×25 et un jeu de filtres Cibachrome pour mon Krokus 3. Ce jeu de filtres est une association des classiques filtres de couleurs primaires Cyan, Magenta et Jaune, de différentes gradation de densité. (Toutes autres marques de filtres feraient aussi bien l’affaire, mais les Cibachrome sont plus facile à trouver d’occasion.)
J’ai ensuite confectionné un cache en carton pour le tiroir à filtre, afin de pouvoir empiler plusieurs filtres bien centrés sur la colonne lumineuse, et un masque à essais a 5 bandes, pour une surface de 10×12,5 cm (un quart de feuille en 20×25) en carton épais aussi.
Soit dit en passant, ce masque m’a servi aussi pour le noir et blanc, c’est vraiment pratique et facile à faire !
Pour couper le papier photo 20×25 en quatre dans le noir, le plus simple est un mini massicot de bureau, dont la règle de mesure est dotée d’un scotch sur les bonnes mesures (10 et 12,5). Dans le noir à tatons, il est aisé de sentir la bonne mesure, et de caler la feuille contre l’épaisseur du scotch.
Une petite feuille de canson avec un gribouilli à l’aquarelle pour me servir de repère couleur-complément : A garder sous les yeux pour débuter.
Préparation des produits
Une bassine pleine d’eau du robinet nous affiche 20° C. D’après le mode d’emploi du kit Tetenal RA4, un développement de 1min 15s sera nécessaire.
La dilution des produits ne pose aucun problème. 75 ml de solution de travail à 1+4 d’après le mode d’emploi : 60 ml d’eau, 15 ml de concentré.
Du vinaigre pour bain d’arrêt : 60 ml d’eau, 20 ml de vinaigre à 8°.
Chaque produit est isolé dans une bouteille répertoriée, la contamination étant l’ennemi numéro un.
Le papier est un kodak supra endura 20×25 cm.
Premier essai
Je commence par chercher une expo de base sans filtre :
5 bandes de 5 secondes en 5 secondes, à f8.
Première manip de la cuve …
le papier de petite format poussé bien au fond, on revisse le couvercle, rallume la lumière. Tout va bien jusque là !
Faire rouler la cuve ne présente pas de difficulté, c’est un geste tranquille et régulier, ce n’est pas désagréable, mais il ne faut pas trop s’endormir …. 1min 15 est vite passée, et il ne faut rapidement enchaîner sur le bain d’arrêt, pour ne pas trop dépasser les temps prescrits. La troisième étape de blanchiment fixage est plus tranquille, il n’y a plus d’urgence et le chronométrage est moins crucial.
(Note de Pierre-François: le temps de traitement peut être dépassé de 50% du temps préconisé, ce qui laisse le temps de bien égoutter la cuve et de récupérer le maximum de révélateur)
Il en sort un croco tout rouge (normal) dont la bande de 15s semble convenir, offrant un beau modelé de la carapace.
Second essai
Suivant l’exemple de Murano, on part sur une expo 20M 20J, 40M 40J, 60M 60J, 80M 80J, 90M 90J.
En coupant une feuille blanche en bandes pliées en deux, je me fais des petites pochettes pour préparer mes filtres à l’avance.
N’ayant qu’un seul jeu de filtres, je suis obligé de jongler un peu pour limiter les manips dans le noir !
Une petite calculette sous la main avec le tableau des coefficients de correction : On multiplie pour ajouter, on divise pour retirer … facile !
En ouvrant à 5,6 pour ne pas trop allonger les temps, je calcule : 12, 16, 26, 43, et 37 secondes respectivement.
La première bande est un peu orange, la deuxième neutre, la troisième vire au vert, puis les autres franchement au cyan. On tient déjà la correction magenta !
Troisième essai
3 bandes seulement cette fois, je veux pouvoir apprécier sur une plus grande surface la carapace du croco. Il manque un peu de jaune, je vais tenter avec 40M : 40 J pour l’avoir sous les yeux, puis 30 et 20 J, pendant 16s.
Le révélo sort de plus en plus rouge, et surtout diminue rapidement de volume. Rien d’étonnant pour qui pratique le développement et le tirage noir et blanc.
A 40M 30J l’épreuve me satisfait.
Quatrième essai
Encore un 10×12,5 pour tester un masquage en même temps, et obtenir une bonne surface de lisibilité pour mon filtrage.
Le masquage et le filtrage sont bons !
Première épreuve
Impeccable, sauf le cadre margeur un peu de traviolle, dans le noir ce n’est pas très facile à positionner.
Les détails sur la carapace du croco sont vraiment très agréables, les couleurs chatouillantes et douces, quand on compare à la version toute cramée et un peu verte fournie par le minilab : y a pas photo !!!
Tirage final
Un deuxième tirage, en augmentant encore un peu le masquage sur l’oeil, pour faire pétiller un peu le reflet et renforcer l’aspect coquin du bestiau, sur insistance de ma fille : Après coup, c’est elle qui a raison !
Le jus de révèlo est carrément sombre et il en reste peu.
J’ai essayé d’en faire un peu plus, juste pour voir : 2-3 essais OK, puis un tirage pleine feuille : plein de trainées (manque de produit) et les couleurs dérivent.
Maître Pierre-François nous a prévenu : 75ml = 3 épreuves 20×25 environ : 2 tirages + 4 quarts, on est dans la moyenne avec une petite marge de sécurité.
Conclusion
Pour quelqu’un qui maîtrise le noir et blanc, peu de matériel supplémentaire nécessaire et à peu de frais, les gestes sont naturels, la gestion des filtrages , aucune difficulté n’est à redouter.
Le filtrage par tiroir et filtres manuels à son charme, mais avec un seul jeu de filtres il faut calculer un peu son enchaînement pour manipuler le moins possible.
Un deuxième jeu apporterait du confort, à moins d’avoir un agrandisseur à tête couleur pour les plus chanceux.
Seul difficulté véritable : Mon margeur fait des deux équerres en carton, tout à fait correct en lumière rouge, est peu pratique à mettre à l’équerre dans le noir complet. Il vaudrait mieux un vrai margeur, ou une amélioration de celui-ci !
Toute personne qui apprécie de faire ses images à la main avec un matériel simple devrait essayer : C’est de plus relativement peu onéreux.
J’ai calculé 30 cts par feuille et 25 cts de produits.
Pour un tirage idéal comme celui que je viens de raconter, 2 feuilles 20×25 consommées pour un tirage réussi = 1,10 euros le 20×25 !
L’article a été écrit en 2006, et est le témoignage de FabriceC, que j’avais connu sur un autre forum. Ayant montré beaucoup d’intérêt pour le tirage couleur, il m’avait motivé à créer ce site. La première version était uniquement basée sur le tirage couleur et comportait en tout et pour tout, les deux articles sur la théorie et la pratique du tirage couleur. Vint s’ajouter par la suite, ce témoignage qui prouvait la faisabilité du tirage couleur à la maison.Depuis, Tetenal a cessé de produire le RA4 à température ambiante, mais le RA4 reste produit et s’utilise à 38°. Ce n’est absolument pas un obstacle! Le papier couleur n’est plus prédécoupé en feuilles mais, avec un peu de soin, les rouleaux peuvent être débités au massicot et dans le noir, évidemment*. Douze ans ont passé, mais la photo argentique est toujours là!
Mise à jour du 18 Septembre 2018: MACODIRECT vend du papier couleur FUJI CRYSTAL ARCHIVE en feuilles de différentes tailles: