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Température de couleur

Publié : 30 sept. 2010 01:09
par Nonor
La température de couleur est un terme aujourd'hui courant, et essentiel en photographie couleur. A l'origine, la température de couleur d'une lumière désigne la température à laquelle doit être chauffée un corps noir pour que celui-ci émette une lumière de la même couleur que la lumière observée

un corps noir idéal absorbe toute la lumière, il ne fait donc qu'émettre des rayons lumineux, son spectre d'émission ne dépend que de sa température (source du graphique : http://www.led-fr.net/corps-noir.htm" onclick="window.open(this.href);return false;).
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Si la lumière est émise par un corps noir, alors la température de couleur est égale à la température réelle de la source de lumière . Ce n'est pas le cas pour toutes les sources (par exemple les Diodes ne sont absolument pas des corps noirs, leur température réelle est très inférieure à leur température de couleur, alors que la température du filament d'une ampoule classique vaut à peu près sa température de couleur, vers 2500-3000K selon la puissance).
Cette température se mesure en Kelvin, notés K.

Deux apartés :
- 1) Le Kelvin est une unité similaire aux degrés celsius, sauf que son 0 est au zéro degré absolu, c'est-à-dire la température du vide, la température la plus basse qui existe dans l'univers, qui est de -273,15°C.
Donc 0°C vaut 273,15 K. 10°C vaut donc 273 + 10 = 283,15K, etc.

-2) La lumière blanche est en fait une lumière polychromatiques, elle est constituée de plusieurs couleurs (chacune de longueur d'onde différente, dans le domaine des ondes visibles). Par exemple, l'assemblage des trois couleurs primaires (trois projecteurs (monochromatiques) par exemple) ou des trois couleurs secondaires (Rouge Vert Bleu) donne une lumière blanche c'est-à-dire avec un spectre lumineux correspondant à une température de couleur d'environ 5800K


Pour reprendre le fil conducteur de notre propos, le tungstène a une température de couleur d'environ 3200K. C'est-à-dire qu'il faut chauffer un corps noir à 3200-273 = environ 2900°C pour émettre une lumière de la même couleur que celle d'une halogène à tungstène. C'est pour cela que l'on parle de pellicules "tungstène"pour désigner les films ayant une température de couleur de 3200K (le terme est utilisé par analogie, dire qu'un film a une température de couleur de 3200K signifie en fait qu'une feuille blanche éclairée par une source de lumière de température de couleur de 3200K sera blanche et non pas rouge comme elle l'est en réalité. La même feuille blanche éclairée par une source de 5600K sera blanche avec une pellicule 5600K, mais bleutée avec une pellicule 3200K, etc.).

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source http://help.adobe.com/fr_FR/AfterEffect ... alance.png" onclick="window.open(this.href);return false;

Petit exemple pratique du décalage du point blanc : on se rend compte qu'à 3450K, ce qui était blanc à 5600K devient Bleu. Inversement à 7650, ce qui était blanc à 5600K devient Jaune/orangé. C'est ici un logiciel qui permet de décaler la balance des blancs, mais l'on fait exactement la même chose au tirage en corrigeant une dominante jaune/rouge ou bleue. On intervient donc sur la température de couleur à la prise de vue ET au tirage. C'est plus pratique de le faire au tirage mais l'on perd (un peu) en richesse des couleurs par rapport à une correction à la prise de vue.

Ces films sont utilisés en lumière nocturne car la lumière émise par un halogène au tungstène a une température de couleur de 3200K environ. Ainsi, cette lumière sera blanche avec une pellicule "tungstène" (exemple la Fujichrome T64 ou la Kodachrome 64T) alors qu'avec une pellicule "lumière du jour" (5200 à 5600K) elle ne le sera pas. Tout le monde a pu observer cette tendance au jaune/orangé des photos faites de nuit. C'est donc du à la non correction de la faible température de couleur, car l'immense majorité des pellicules sont de type "lumière du jour".

Le soleil, lui, a une température de couleur d'environ 5700-5800K. C'est en fait notre référence de lumière blanche. C'est en fait la température de la surface du soleil. Le soleil (qu'on assimile à un corps noir) émet donc à sa surface, qui est à 5800K soit 5500°C environ, une lumière blanche.

C'est l'atmosphère, notamment le soir et le matin qui modifie la couleur du soleil, donc la "température de couleur" de la lumière qui nous parvient du soleil, après son passage dans l'atmosphère. Elle baisse car il y a dans l'atmosphère diffusion et réfraction des longueurs d'onde bleues (c'est pour cela que le ciel est bleu). Le spectre lumineux du soleil manquant de ce bleu, il nous paraît jaune (température de couleur inférieure à celle de la surface du soleil) voire rouge le soir et matin (les rayons, rasants, traversent alors une distance bien plus importante dans l'atmosphère, et le bleu est ainsi quasiment entièrement détourné).

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Le soleil du matin, comme du soir, est orange. l'atmosphère a changé sa température de couleur en détournant certaines parties de son spectre lumineux, certaines longueurs d'onde (il n'est blanc sur les photos que lorsqu'il est surexposé). Photo prise avec une pellicule type "lumière du jour".

C'est là qu'on peut se demander s'il faut réellement vouloir à tout prix corriger les dominantes de couleur liées au fait que la pellicule est à 5600K et la scène éclairée par une lumière 3200K, ou 4500, ou 9000. On parle aussi de correction de la balance des blancs, c'est à dire déterminer quelle couleur correspond au blanc dans une scène. L'argument en faveur d'une correction est de dire que notre oeil s'adapte alors que la pellicule ne s'adapte pas (c'est-à-dire qu'un objet blanc en lumière du jour reste blanc pour notre cerveau quelle que soit la couleur de la lumière qui l'éclaire).
Cependant, l'oeil est habitué à la lumière du jour, et la nuit on voit quand même le blanc des murs un peu jaunes/orangés, et sous un ciel couvert les teintes nous semblent froides, bleutées, et surtout au lever ou coucher de soleil on voit bien des teintes chaudes, orangées. Corriger complètement la température de couleur (par des filtres de couleur, voir l'article sur le lien ci-dessous) revient à supprimer ces variations de teinte. C'est un choix (exemple : on veut photographier des bijoux en intérieur pour un catalogue : dans ce cas il vaut mieux utiliser une pellicule Tungstène).

Un excellent article à ce sujet, très pratique, qui donne notamment les filtres à utiliser et les températures de couleur des principales pellicules, sur GALERIE-PHOTO
Un autre article, commercial (appareil de mesure de la T de couleur) mais bien rédigé : LUXMETRE CHROMAMETRE et TEMPERATURE DE COULEUR (Konicaminolta)

Une petite image du site Astrosurf pour mieux comprendre : Il représente la température de couleur des étoiles et la couleur associée quand nous la regardons. Plus de détail ICI
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Une étoile de 3200K photographiée avec une pellicule Tungstène sera donc... BLANCHE alors qu'elle est "en réalité" orange !

Re: Température de couleur

Publié : 30 sept. 2010 12:12
par Armand29
Nonor a écrit :.....
un corps noir idéal absorbe toute la lumière, il ne fait donc qu'émettre des rayons lumineux, ............
Sujet impeccable , à garder précieusement ://

Par contre , au tout début , je butte sur le passage en citation .
Je suis d'accord , un corps noir absorbe toute la lumière , il n'émet donc AUCUN rayonnement ..... je me plante ou quoi ??? :?:

Re: Température de couleur

Publié : 30 sept. 2010 13:52
par Nonor
Merci. La (longue) rédaction et ses recherches m'ont aussi remis les idées en place.

Le corps noir absorbe tous les rayonnements lumineux mais ça ne veut pas dire qu'il n'en émet pas.

Ca veut simplement dire que les rayonnements qui proviennent du corps noir ne proviennent que de son énergie interne, c'est à dire sa température, il n'y a pas de rayonnement réfléchis par le corps noir.

C'est pour cela qu'on peut associer un spectre d'émission à une température, puisque aucun rayonnement extérieur réfléchi ne vient parasiter le rayonnement émis par le corps noir.

Re: Température de couleur

Publié : 30 sept. 2010 16:33
par iRoland
Canona1 a écrit :De mon coté, j'utilise toujours un filtre Cokin Z-PRO 039 Warm (81Z)
et il fait combien de mireds?

Re: Température de couleur

Publié : 03 oct. 2010 23:45
par Nonor
les Mired c'est une unité qui correspond aux °K (degrés Kelvin) de la température de couleur, on ne parle pas de °K mais de Mired pour savoir pour quelle température de couleur utiliser un filtre, mais ça revient pourtant au même (c'est plus simple pour certains calculs ensuite).

Pour ne pas faire simple, le nombre de mired double quand la température de couleur est divisée par deux !

température de couleur extérieure Mired
20 000 K : 50 Mired
10 000 K : 100 Mired
5 000 K : 200 Mired
2 500 K : 400 Mired

Re: Température de couleur

Publié : 04 oct. 2010 14:10
par iRoland
Voici un tableau d'usage des filtres Kodak Wratten de conversion trouvé dans le "Mascelli's cine workbook"

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à gauche la source de lumière et sa température de couleur, à droite la température de couleur qu'on désire obtenir, principalement films 'lumière du jour" à 5,5kK ou lumière artificielle à 3,2kK (parfois 3,4kK)

en traçant une ligne droite entre ces deux valeurs, on croise la série centrale à la valeur du filtre nécessaire pour la correction correcte. Les chiffres sur cette colonne centrale se rapportent aux valeurs des filtres Kodak. Pour d'autres filtres, par exemple les filtres CTO et CTB de Agfa, il y a un autre tableau

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