Courbe sensitométrique
Au commencement, Dieu qu’est bon Prince a dit : Que la lumière soit, pour le reste, ils se débrouilleront sans moi !
Au commencement donc, il y a une source de lumière qui vient tout naturellement éclairer le vaste monde (bénie soit la Lumière) jusque alors plongé dans les ténèbres. Ainsi était né l’éclairement qui est proportionnel à l’intensité et à la distance de la source de lumière, que l’on mesure avec un instrument joliment appelé luxmètre et que l’on exprime en lux (le posemètre de votre appareil photo n’est autre qu’un luxmètre).
Le monde ainsi éclairé s’est dit rendons grâce à Dieu de cette lumière si généreusement prodiguée et restituons en une part pour que d’autres en profitent. Ainsi au deuxième jour naissait la luminance, en raison de la propriété de toute surface éclairée de réfléchir une part de la lumière reçue et d’éclairer à son tour (sans pour autant se prendre pour la divine lumière, sinon gare !). La luminance est fonction de la capacité de l’objet à réfléchir plus ou moins la lumière, allant de 0% pour un corps noir à 100% pour un blanc pur (ces valeurs extrêmes ne se rencontrent pas concrètement). Le fameux gris moyen restitue 18% de la lumière reçue. Il faudrait également causer du coefficient de diffusion qui teint compte de la direction dans laquelle la lumière reçue est réfléchie (le mat et le brillant par ex.). La luminance se mesure et on l’exprime poétiquement en candela/m². C’est cette lumière réfléchie que l’émulsion enregistre.
L’émulsion fut donc, si l’on en croit ce qui précède, créée au troisième jour. La lumination d’un objet est constante, à éclairement égal. La quantité de lumière que reçoit le film pour enregistrer une image est fonction de cette luminance prise dans une durée limitée. Cette unité est la lumination que l’on exprime en lux/seconde (Luminance/temps d’exposition). Et cette donnée, pour la commodité de lecture, est exprimée en échelle logarithmique (log(E)) pour la constante des intervalles en fonction de la progression de la lumination reçue par l’émulsion.
Plus la lumination reçue est brève, plus faible est la valeur du log(E), ce qui est logique. Quand le film reçoit 0,01 lux/s, il est plus parlant de convertir cette valeur en son logarithme, soit -2,0 environ.
S’agissant de la courbe du négatif (créé au troisième jour, le photographe un peu plus tard), ce qui importe est de repérer l’étendue de la plage d’indice de lumination dans laquelle les densités progressent correctement (se distinguent bien les unes des autres), et les points à partir desquels les hautes lumières ne se séparent plus qu’à grand peine, voire plus du tout, et de même pour les ombres.
Sur la courbe donnée en exemple, les densités progressent franchement sur une plage correspondant à 7 indices de lumination (ou 7 valeurs de diaphragme). Donc ce film séparera bien les valeurs tonales dans cette plage (ou autrement dit, c’est dans cette plage qu’il faudra placer les valeurs principales du sujet photographié en ajustant son exposition). C’est la zone utile ou la latitude d’exposition est optimum. Ensuite les densités qui correspondent aux hautes lumières se tassent sur une plage de 2 IL, tandis que les densités des ombres peinent à se dégager en un intervalle de 1 1/2 IL (voilà pourquoi on préconise d’exposer pour les ombres, zone de faiblesse des négatif comme on peut le constater en lisant la courbe, afin de décaler les valeurs du sujet vers une zone ou l’émulsion réagit davantage).