Leçon de tirage: la bande d’essai et le tirage de lecture
Dans la précédente leçon, nous avions abordé la différence entre la densité et le contraste. Nous allons cette fois nous attarder sur la bande d’essai et le tirage de lecture, étape primordiale pour la réussite du tirage.
Principe
La première chose à faire, lorsqu’on veut tirer un négatif sur papier sensible, c’est de déterminer le temps de pose. Celui-ci dépend de la puissance de la source de lumière, de la hauteur de la tête de l’agrandisseur et de la sensibilité du papier.
Il s’agit d’effectuer un test, dans les conditions du tirage, avec le papier sensible qui sera utilisé.
On exposera un échantillon du négatif en variant les durées d’exposition.
Mise en place
Un négatif comporte de nombreuses plages de densités différentes, dues aux différences d’intensité lumineuse réfléchies par le sujet. Pour reproduire correctement l’image, il ne faut pas se contenter d’un exposition moyenne, qui conviendrait pour tout le cliché, mais évaluer l’exposition correcte pour toutes les parties de la photo.
Ansel Adams, dans son ouvrage « The print » conseille d’utiliser un papier peu contrasté pour les tirages d’essai d’exposition afin de visionner correctement tous les détails du négatifs. Quand un Maître de la photo donne un conseil, on ne peut que le suivre avec modestie! Ma bande d’essai a donc été faite en grade 1, pour que toute la gamme de gris soit visible sans être « bouffée » par le contraste.
Processus
Nous ne reviendrons pas sur la mise en place du matériel, que vous avez précédemment
vu dans ce TUTORIEL. Si vous ne l’avez pas encore lu, et que vous n’avez aucune expérience du labo, nous vous conseillons de le consulter et de revenir ici ensuite.
- Agrandisseur réglé à la bonne hauteur
- Mise au point faite
- Diaphragme fermé à f:8
- Lumière inactinique allumé et blanche éteinte
- feuille de papier sensible assez grande pour couvrir toutes les densités du négatif sur le margeur
Un compte pose électronique est fort utile
- Exposez durant n secondes la bande d’essai
- Couvrez une portion de l’image et exposez de nouveau n «
- continuez ainsi 3 autres fois
- Traitez votre bande d’essai
Dans l’exemple ci-dessus, nous avions fait cinq bandes avec une incrémentation de 2 secondes. La première bande se révèle inutile par sa faible largeur et manifestement sous-exposée. Il ne faut pas chercher des temps trop brefs. Une exposition suffisamment long vous donnera plus de confort lorsqu’il s’agira de « maquiller » votre tirage. Et ces interventions ne seront pas visibles si l’exposition a été plus longue.
Le tirage de lecture
Grâce à la bande d’essai, on peut se préparer à faire un premier tirage de lecture. Ici, c’est le temps de pose de 6″ qui est le plus correct pour la zone de basse lumière, sous le parasol. J’effectue ce tirage en grade 3.
Sur ce coup là, l’image est presque parfaite! La photo a été prise en fin de matinée, fin juin et le soleil quasiment à la verticale écrasait tout de sa superbe. Malgré tout, le négatif a enregistré la matière sous le parasol, sans doute grâce à la lumière diffusée à travers la toile et le sol n’a pas été cramé au point de perdre toute sa texture. Il n’y a quasiment rien à reprendre. Peut-être exposer un peu plus le premier plan?
8 secondes semblent apporter un peu plus de texture au sol. La photo recevra une exposition de 6 » , puis le sol , recevra 2 » de plus. Les tirages de lecture comme les bandes d’essai sont là aussi pour conserver la mémoire, pour un tirage futur. Ne pas hésiter donc à les annoter!
On peut chipoter et se dire que la toile du parasol est aussi un trop blanche.
Avec 2 secondes de plus, ce serait mieux.
Mais là, il faudra énormément d’adresse pour ne les rajouter que sur la toile du parasol. D’où l’intérêt de temps d’exposition longs. Deux ou trois secondes de trop ne seront pas très visibles sur un temps de pose d’une vingtaine de secondes. Doit-on refaire les essais, dans le cas où comme ici, on aurait fait trop court? Un diaphragme d’objectif d’agrandisseur fonctionne comme celui de votre objectif de prise de vue. La fermeture d’un cran divise par deux l’entrée de lumière et nécessite de doubler le temps de pose… Si on ferme de deux diaphragmes, le temps de pose doit être multiplié par quatre… 24″ d’exposition totale et 8 » d’exposition supplémentaire. N’hésitez donc pas à fermer votre diaphragme et à utiliser des expositions plus longues.
Conclusion
Hâtez vous lentement! Avec de la méthode, de la réflexion, vous ferez de beaux tirages. Le reste est un coup de main qui viendra avec la pratique. En donnant ou en retenant la lumière, vous serez maître de ce que vous voudrez montrer!